Nunc a le visage qu’elle a, elle a ce visage bizarre afin que Hic la reconnaisse, c’est ce que pense Nunc. Quand Hic voit mon visage et qu’il me reconnaît, alors il m’embrasse.

Nunc pense, Hic connaît bien ma drôle de tronche, il l’a connaît par cœur, ma tronche est rigolote, c’est un drôle de trognon, c’est ce qu’il dit, j’ai une tronche super rigolote, en forme de trognon, avec un front super rigolo, des yeux super rigolos, un nez trop marrant, une bouche qui sait rire et faire rire. Tout ça c’est moi, c’est ma tronche, mon visage, reconnaissable  entre mille, sauf s’il se présente un sosie femme. Le sosie femme de Nunc n’a pas intérêt à se présenter, car Nunc le butera, le sosie femme craint plus pour sa vie que le sosie homme. Le sosie homme peut bien se présenter, s’il a une moustache, une barbe, des poils qui sortent du nez et des oreilles, alors le sosie homme ne craint pas pour sa vie, s’il est imberbe il craint déjà un peu plus. Par contre le sosie femme de Nunc met sa vie en danger s’il se présente à Nunc. Nunc n’hésitera pas, elle le butera, de sang froid.

Il s’agit de ne pas s’attarder avec quelqu’un qui porte la même tronche que moi, la même drôle de tronche en forme de trognon, le même visage super rigolo. Faut pas s’attarder. Pas question de voir ça, pas question de donner à voir, à tout le monde, ce double obscène et encombrant. Et, surtout pas question de laisser le temps à ce double de prendre ma tronche, de prendre mon espace, de prendre ma place, ici et maintenant, ça c’est niet. Ma tronche est à part, mon visage est à moi, à part moi personne d’autre sous ce visage, à part moi pas d’autre tronche simili-rigolote ou je bute.

    Chaque matin, Hic a une vie à faire de sa journée. Chaque matin Hic renaît. C’est pour ça qu’il est chaque fois tout fripé comme un bébé. Hic aimerait bien renaître chaque matin de manière agréable. Comme un événement heureux. Hic voudrait être une boule de vie à chaque réveil et que tout roule tout le long de la journée.

La boule de vie c’est Nunc. Hic le sait bien. C’est mieux que rien d’avoir une boule de vie comme amie. C’est mieux que de ne pas être soi-même une boule de vie, sans copain. Hic a trouvé un copain. Qui s’avère être une copine et qui en plus est une boule de vie. Hic décide donc d’être amoureux de sa boule de vie Nunc. Comme ça Hic et Nunc c’est pareil. C’est une  grosse boule de vie à deux. C’est décidé. Aujourd’hui. Hic est amoureux de Nunc. Nunc sera son amour. Il s’en va le lui dire.  Hic s’en va retrouver Nunc qui vit dans la ville. Dans la rue. Dans un carton. Il fait grand jour. Nunc dort dans son carton. Hic s’avance, il sourit car il a pris une décision. C’est pas souvent dans sa vie. Réveilles-toi Nunc. J’ai pris une décision aujourd’hui. Nunc se réveille. Elle est un peu fripée, mais ça s’estompe très vite. Nunc est une boule de vie qui reprend très vite sa forme vitale. Bonjour Hic. C’est quoi cette décision. Hic de plus en plus sûr de lui. J’ai décidé d’être amoureux de toi. Ça s’est décidé ce matin. Tu es mon amour. Nunc, elle sourit aussi. Et tu me demandes mon avis. Hic très sûr de lui. Je te fais part de ma décision. Nunc, tout sourire et boule de vie. Et bien, c’est une bonne nouvelle. Hic sourit à nouveau. Tu habiteras chez moi alors. Nunc qui se lève et forme son dos en boule. Non.  Nunc dit non pour ça. Mais pas pour autre chose. Nunc explique que vivre avec des murs autour d’elle et des portes fermées. Ce n’est plus possible. Des murs oui, mais à coté. Pas autour. Nunc explique. C’est trop de murs autour d’elle depuis toujours. C’est trop de portes rivées aux murs. Et les portes ça se ferme. Ça Nunc elle ne peut pas. Alors Nunc invite Hic à dormir avec elle. Dans les cartons. Dans la rue. Dans la ville. Dans un recoin caché du fourbi de la ville. Hic transporte  sa caisse avec le matelas dedans. C’est ainsi que Hic et Nunc vivent dans leur caisse d’habitation. Ciel ouvert et Nunc apaisée.